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Une des spécificités de FMG dans le système de santé guinéen est son apport dans l’offre des soins pour les personnes ayant des troubles mentaux. Cette offre trouve son ancrage dans les centres de santé et au niveau communautaire. Chaque centre de santé a son histoire et sa chronologie de l’intégration de la santé mentale. Nous répertorions ci-dessous les événements majeurs de l’intégration des soins et services en santé mentale par FMG. La porte d’entrée de la santé mentale dans la pratique des soignants de FMG est le projet Santé Mentale en Milieu Ouvert Africain (SaMOA). Le projet était financé par l’union européenne et l’ONG Medicus Mundi Belgium. L’offre de soins pour des malades mentaux et la formation du personnel ont commencé dans les 3 centres de santé de Conakry au mois de février 2000.
En 2000, deux organisations belges, l’ONG « Medicus Mundi Belgium » et le Centre de Santé Mentale « La Gerbe » de Bruxelles, en collaboration avec FMG initient le projet SaMOA. L’objectif est d’intégrer les soins de santé mentale au niveau des structures de soins de santé primaires polyvalentes à Conakry. L’approche consiste en un transfert de compétences de spécialistes (psychiatres, psychologues et assistants sociaux) du centre de santé mentale La Gerbe vers les professionnels de centres de santé polyvalents en Guinée (médecins généralistes, infirmiers et travailleurs sociaux) afin que ces derniers puissent prendre en charge des personnes qui consultent pour des problèmes de santé mentale. A l’époque FMG avait 3 centres de santé à Conakry. C’est dans ceux-ci que l’expérience débuta au mois de février 2000.
Le projet a démarré par des consultations conjointes entre un psychiatre belge et des médecins généralistes guinéens des 3 centres de santé, précédées par des activités d’information et de communication dans les quartiers couverts par les dits centres de santé. Ces consultations étaient soutenues par des présentations de cas cliniques au cours de réunions d’équipe réunissant l’ensemble du personnel des centres de santé de FMG – qu’ils soient ou non directement impliqués dans la prise en charge des malades mentaux – et les spécialistes du centre de santé mentale La Gerbe.
A partir d’octobre 2000, les équipes des centres de santé ont réalisé des stages pratiques dans des institutions de soins en santé mentale (hôpitaux psychiatriques, centres ambulatoires de traitement, centres de réhabilitation) en Belgique et en France. De 2000 à 2004, quatre missions (stages) du sud vers le nord, de 3 mois chacune, ont été effectuées en France et en Belgique par 3 médecins, deux travailleurs sociaux et 2 infirmiers de FMG. Au cours de la même période, 6 missions (d’appui et d’échanges) du nord vers le sud ont permis à des 50 spécialistes (2 psychiatres, 2 psychologues et 3 assistantes sociales) du centre de santé mentale la Gerbe, de se rendre en Guinée pour coacher le personnel de FMG.
Deux comités scientifiques, l’un en 2000 à Bruxelles et l’autre en 2002 à Conakry ont réuni le personnel de FMG, l’équipe de La Gerbe et quelques experts du domaine de la santé publique et mentale dont le Professeur Norman Sartorius de l’Organisation Mondiale de la Santé et Monsieur René Collignon de la revue Psychopathologie africaine. L’objectif était d’analyser les résultats du projet SaMOA, en particulier l’offre de soins aux malades par les non spécialistes, et d’en tirer les leçons. Grace aux succès thérapeutiques constatés à partir de 2001 dans le suivi des patients, plusieurs initiatives pour leur réinsertion naissent dans les centres de santé de FMG : une communauté thérapeutique agricole à Dar es Salam, un groupe de dialogue de patients et familles à Hamdallaye et un atelier d’expression graphique pour les enfants à Carrière.
La communauté thérapeutique agricole de Dar Es Salam 1 consistait en des rencontres hebdomadaires entre patients et soignants autour d’activités collectives, principalement un repas collectif qui comprenait : un atelier menu au cours duquel un choix concerté du repas du jour est fait, puis un atelier vaisselle après les repas. Ensuite, ces ateliers sont devenus quotidiens. Un jardin potager installé dans la cour du centre permettait aux patients de faire un travail de resocialisation.
L’atelier d’expression graphique de Carrière permettait aux enfants déficients mentaux, épileptiques déscolarisés ou atteints d’autres troubles psychomoteurs de se rencontrer et d’exercer dans un atelier d’apprentissage.
Le groupe de parole de Hamdallaye était quant à lui un espace d’échanges entre patients, entre patients et familles et entre patients et soignants du centre de santé sur des thématiques définies de commun accord.
En plus des missions nord-sud et sud-nord, des échanges sud-sud ont été établis entre l’équipe de SaMOA en Guinée et la communauté thérapeutique de Trinleu-Diapleu, en Côte d’Ivoire. La communauté de Trinleu Diapleu, composée de patients et des habitants du village est soutenue par une équipe de la Clinique « La Borde » en France.
Trinleu-Diapleu est un petit village situé dans la région de Man en Côte d’Ivoire qui accueille les malades mentaux. Les soins sont offerts par les habitants du village et quelques patients guéris formés à la pratique de soins en santé mentale par un psychiatre de la clinique de La Borde. La communauté accueille chaque année des patients psychotiques venant de la Clinique La Borde en France pour une période d’un mois. Des stagiaires de FMG ont été reçus à la clinique La Borde en 2002 pour une immersion en « psychothérapie institutionnelle », une des spécialités de La Borde.
En décembre 2002, FMG initie les premières consultations ambulatoires en dehors de Conakry. Le village de Moriady, situé à 12 km de la ville de Kindia, accueille la première mission 51 qui fixe les bases de la création d’un centre de santé dans ce village, futur complexe thérapeutique de Moriady.
Au mois de mars 2004, le projet SaMOA est clôturé après une évaluation interne réalisée par l’équipe de La Gerbe. Elle montre la pertinence de l’expérience vu le nombre de patients traités et sous traitement et l’engagement du personnel de santé et les familles de patients. Une nouvelle phase (SaMOA II) du projet, proposée à l’union Européenne, n’a pas bénéficié de financement, alors que l’évaluation interne avait démontré la pertinence de l’action et l’utilité de la poursuivre et de la mettre à l’échelle.
Pour la suite de ce travail, on parlera de « première vague » pour tous les professionnels qui ont été formés au cours du projet SAMOA et de « deuxième vague » ceux qui ont été formés après SaMOA.
Fraternité Médicale Guinée est une organisation à but non lucratif travaillant en toute indépendance des pouvoirs religieux et politiques sans distinction de sexe, de race et d’ethnie. Sa vocation principale est d’offrir une assistance médico-sociale aux couches vulnérables de la population.